Backpacking, j’aime pas

Le backpacking. Ou le voyage des nouve.lles.aux aventurier.e.s qui se contentent d’un sac à dos et d’un minimum de budget pour s’emparer du monde… Si je conçois pleinement que l’idée fasse rêver, je me demande si l’effet de mode autour du concept ne retire pas son côté aventureux et unique. Petit tour des quelques objections que je peux faire à l’encontre du phénomène des backpackers.

Le tour du monde pour une recherche du bonheur instagramable ?

L’idée à l’origine d’un tour du monde est généralement ce voyage sans date de retour, sans trajectoire fixe, qui t’amène au fils des rencontres et des pays traversés à te trouver toi-même pour en revenir transfiguré. Ce trip vers la paix intérieure procure son lot quotidien de sensations fortes tout en restant sain pour le corps comme pour l’esprit, mieux qu’une secte ou une drogue non ?  Une véritable thérapie en accélérée. Et c’est suivant cette objectif qu’un grand nombre de jeunes un peu perdu.e.s dans ce monde de brutes se sont lancé.e.s sur la route. Et ont décidé de publier leurs photos sur les réseaux sociaux. Et ont fait de nombr.euses.eux envi.euses.eux. Et de nouveaux jeunes ont eu envie de les imiter. Et le phénomène était lancé. Sauf que… La recette du bonheur de quelqu’un.e.s peut-elle être la même pour tou.te.s ? Faire de l’objectif de son voyage la visite des lieux vus sur les réseaux sociaux pour prendre les mêmes photos ne comblera que provisoirement les failles narcissiques à l’origine de la démarche. Certes, des changements s’opèrent obligatoirement en soi lorsque l’on est confronté à l’inconnu et à l’adaptation à un nouvel environnement. Mais pour ça il peut être suffisant de partir s’installer en Corrèze quand on vient de Paris. Sauf que ça fait moins glamour et que c’est moins joli sur Instagram. Alors on s’adapte et on se met à rêver à quelque chose qui va permettre de se faire un peu plus mousser en société que de parler de sa dernière séance chez le psy.

Le voyage du « faux » pauvre ?

Un bon backpacker est un backpacker qui voyage léger et à peu de frais. Pourtant, contrairement aux apparences, le backpacking n’est pas accessible à tout le monde et coûte de l’argent. Si l’on fait exception d’une minorité de personnes partant à l’aventure sans un centime, les backpakers doivent généralement planifier une réserve de finances pour payer les trajets entre chaque pays, les hôtels et leurs loisirs. Par ailleurs, il faut avoir la possibilité de s’absenter de longs mois, laissant de côté ses responsabilités professionnelles ou sa famille pour entreprendre un tel voyage. Après tout, c’est quand même plus facile de jouer au pauvre à l’étranger quand qu’on sait qu’on ne le sera plus dès le retour à la maison. Et il est encore plus difficile de se sentir capable d’un tel changement lorsqu’on vient d’un milieu où la pratique de l’anglais et l’habitude de voyager n’ont pas été encouragées. Tous ces détails font de cette aventure qui veut garder une apparence accessible un loisir de luxe.

Etre fauché.e par principe de vie

  Mais il n’en reste pas moins qu’il faut garder les apparences et voyager en se contentant du « minimum ». Ainsi, lorsque vous êtes backpacker, l’idée est souvent de rechercher les plans logements/loisirs/repas les moins chers et je trouve parfois cela « gênant ». Quand on arrive dans un pays avec un niveau de pauvreté élevé et qu’on rechigne à payer son diner 0,50 centimes plus cher que ce qu’on a lu dans « le guide du routard » sous prétexte de ne pas « se faire avoir » je trouve ça un peu triste. Après tout, quand on est touriste, ça fait partie du jeu de se voir dicter des règles jouant en la faveur des locaux. A part prendre en photo les enfants d’autochtones, faut bien que le touriste est une utilité.

Mon rêve n’est pas celui des autres 

Finalement, ce que font les autres peut faire rêver, sans convenir à tou.te.s. Pour ma part, ce que j’aime dans le fait de voyager, c’est m’installer dans un nouveau quotidien plus que la découverte touristique. Je fuis les lieux où je sais trouver trop de monde, ce qui fait qu’après 3 ans en Italie je n’ai jamais visité Pise, le Vatican ou le Duomo de Milan. Je privilégie un départ de longue durée pour un lieu dans lequel je vais pouvoir travailler et vivre assez longtemps pour m’imprégner de ses particularités ! Grâce à cela, j’ai l’impression de mieux comprendre des cultures différentes de la miennes et donc de m’enrichir.  Bien sûr, moi aussi quand je regarde les photos sur facebook je me dis que j’aimerais bien visiter le temple d’Angkor et faire un selfi avec un singe. Mais ensuite je me souviens que j’aime pas l’avion, que je suis trop flemmarde pour m’imposer un rythme journalier de visites et que de toute manière je préfère les chats.

Commentaires

  1. 3kleinegrenouilles

    J’adore ta conclusion ! 😉
    Je te rejoins sur plusieurs points, notamment le fait que ce type de voyages n’est clairement pas accessible à tous.

  2. Marion

    TROP STYLÉ <3

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