Love without border en 6 tracas quotidiens

 En couple depuis presque deux ans avec un sicilien, j’expérimente au quotidien les joies de vivre avec une personne qui n’a pas la même culture que moi. Si la plupart du temps c’est un réel enrichissement personnel, il reste quelques petits challenges quotidiens à affronter ou nos différences culturelles sont plus marquées. Voici les 6 principaux pôles de confrontation que j’ai pu expérimenter !

1: La barrière linguistique

Évoluer dans une culture qui n’est pas la sienne, c’est accepter que la communication puisse être entravée par la barrière de la langue. Mon copain m’a connu un an après mon arrivée en Italien, donc en version italienne non terminée (j’estime être devenue bilingue seulement après deux années). Lorsque je parlais, j’avais un comportement hésitant, je demandais vérification sur ce que je disais et j’avais beaucoup de difficultés à expliquer mes pensées. Comme ma manière de m’exprimer était limitée, il en allait de même pour ma compréhension et il nous a fallu parfois faire beaucoup d’efforts pour parvenir à se comprendre, en passant par quelques quiproquos inévitables.

2: Bilingue ou bipolaire ?

Un détail amusant lié lui aussi à la langue est le « changement » de personnalité selon le langage utilisée. S’il s’agit plus de quelques nuances subtiles que d’une réelle schizophrénie, je dirais que me trouve généralement plus conciliante et positive quand je m’exprime en italien, plus sûre de moi et intransigeante en français. Dans le cadre du couple, il peut être perturbant d’être confronté à une personne différente en fonction de l’idiome utilisé.  Ainsi, si je trouve mon copain romantique et attentionné en italien, il est beaucoup plus froid et rationnel lorsqu’il parle un français qu’il ne connait pas encore parfaitement. Cela peut s’explique par le fait que la langue transporte avec elle une part de la culture dans laquelle elle est naît, mais aussi que le manque de maîtrise en annule ses subtilités.  

3: La gestion du temps

Vivre avec un sicilien et globalement avec une personne élevée dans un autre contexte culture que le sien n’est pas tous les jours facile car les différences se retrouvent dans les détails du quotidien. Prenons par exemple une chose aussi anodine que les repas : Déjà, le problème commence aux niveaux des horaires, moi qui commence à avoir faim des 11 :30, j’ai pour habitude de manger à 12 :00 pétantes et le soir à ne jamais faire plus tard que 20 :00, sachant que dîner à 18 :30 ne me poserait aucun problème si c’était socialement accepté. Au contraire pour mon cher et tendre, manger entre 14 H et 15 H pour le déjeuner et 21 H ou 22 H pour le dîner est totalement normal. Dans un désir d’adaptation culturel et aussi parce que mon sicilien fait des pâtes à mourir d’extase gustatif, j’essaie donc la plupart du temps de ne pas céder à l’agressivité ou au grignotage compulsif lorsqu’il s’agit d’attendre de se mettre enfin à table, mais la tâche reste ardue. 

4: La bouffe : entre émerveillement et problème gastrique

Mais une fois à table, tout deviens plus simple puisque l’Italie comme la France ont une grande passion et tradition culinaire. Grâce aux talents de mon copain dans ce domaine, j’ai pu découvrir de nombreux plats délicieux et éduquer mon palais à la cuisine italienne. Si avant je n’étais pas capable de différencier les types de pâtes (« tous les mêmes »), j’ai maintenant compris l’importance de bien choisir la marque, l’accompagnement et la cuisson pour obtenir  une pasta qui n’a rien à voir avec mes anciennes coquillettes au beurre faites en 5 minutes les jours de flemme et de frigo vide. Mais mon estomac n’étant pas habitué à consommer autant de féculents il a fallu, pour lui assurer une survie, diminuer drastiquement la quantité et la fréquence de cet aliment consommé quotidiennement par mon copain, à son plus grand désespoir.

5: Les mêmes mots… pour des sens différents

« tranquilla, on mange dans 5 minutes »… Cette phrase, prononçait quotidiennement par mon copain dans ce qui semble être une jolie tentative de calmer mon impatience grandissante à pouvoir un jour manger à nouveau est en fait pour moi un nouveau challenge à surmonter : les « 5 minutes » siciliennes. Si je pensais naïvement que 5 minutes avaient pour valeur universelle 300 secondes, j’étais complètement dans l’erreur ! Il faut plutôt y voir un langage codé pour dire « dans les 3 ou 4 heures qui viennent. » Une fois cette traduction faite, fini les prises de tête pour les retards que ne sont finalement que des décalages horaires cachés. Il en va de même pour d’autres expressions tel que « je le ferais plus tard aujourd’hui », à traduire par « je commencerais à m’en préoccuper dans les semaines à venir » ou bien le plus vague « j’y penserais » qui signifie tout simplement « va crever pour que je le fasse un jour ».

6: L’organisation : des priorités différentes

Mais alors, est-ce que cela signifie que les siciliens sont incapables de s’organiser ? C’est un peu plus compliqué que cela puisque qu’il s’agit en réalité seulement d’une différence de priorité. Ainsi, pour mieux comprendre, penchons-nous sur l’organisation d’un voyage. N’étant pas la personne la plus dans l’anticipation du monde, j’ai tendance à organiser les choses peu à l’avance pourtant, face à mon copain, j’échoue lamentablement à faire mienne l’expression « au dernier moment ». Si je dois partir en vacances, je commence à me préoccuper de mon sac la veille au soir, quand il s’y atèle au maximum 10 minutes avant de partir. Pourtant, il y a un élément que mon copain n’aura pas laissé au hasard et anticipé avec le plus grand soin, c’est la quantité astronomique de nourriture à emporter pour survivre sans risque de famine. Ainsi, nous avons tous les deux pris le temps de préparer ce qui nous semblait essentiel, le seul problème étant que ce ne sont pas les mêmes éléments.

Et voilà, c’était mon partage de petites anecdotes de ma vie en couple biculturel. Si mes « tracas » ne sont pas bien grands, j’imagine qu’ils doivent être proportionnels à l’éloignement culturel qui reste très modeste dans mon cas.

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